Cher(e)s ami(e)s,
Adolescente j’écrivais les phrases suivantes, déjà nostalgique de l’enfance, des après-midis en forêt et de l’innocence de ceux qui ne s’encombrent pas de l’avenir :
“Je veux jouer l’exploratrice et pas seulement en tant qu’actrice, je veux rire et pleurer, mais surtout rire à en pleurer, je veux profiter, voyager et nager dans l’eau glacée, je veux sauter à l’élastique sur un petit air de musique, je veux écouter les cascades couler et danser dans la nuit devant un feu allumé […], ne pas penser à demain, tenir Liberté par la main.
En attendant j’écris et chante, ma plume parle, hurle au scandale, je veux sortir, je veux partir dans le sable avec des sandales, je veux grimper à l’arbre, me battre contre des Ninjas au sabre, braver l’interdit et les normes, aller au delà des formes […], je veux ramper dans la boue et vivre dans un igloo, je veux manger des esquimaux et pas seulement quand il fait chaud, je veux construire une cabane, faire la guerre avec des sarbacanes, chasser du poisson et pêcher du bison, voler en bateau et nager en avion […], ne pas penser à demain, tenir Liberté par la main.”
J’avais 17 ans et je quittais l’âge tendre, un peu déçue d’avoir perdu la clé des mondes romanesques de ma jeunesse : ma maison souterraine à toboggans véloces, la cabane magique du fond du jardin, ma planque enforestée de flibustière révoltée et mon rôle de sorcière soupeuse de blondes (comprendre ma soeur). 🧙
Ces mondes sont nés dehors, au détour d’un chemin, d’une rue, dans le trou d’un pivert ou parmi les épis d’un champ de blé dur. Or, au cours des dernières générations, l'enfance s'est déplacée à l'intérieur. En cause, la surenchère sécuritaire, l'urbanisation croissante et l’environnement culturel ne permettant pas de valoriser l’expérience en nature, considérée comme accessoire et en concurrence avec des pratiques digitales.
D’après une étude publiée par l'Institut de recherche sociale de l'université du Michigan, l'enfant américain moyen âgé de 6 à 17 ans ne consacre que sept minutes par jour à des jeux de plein air non structurés. Cela représente une baisse de 50 % en 20 ans. William Bird 🐦, médecin britannique et conseiller stratégique en matière de santé pour Natural England, a étudié le lien entre exposition à la nature et santé mentale des enfants. En analysant les habitudes de déplacements des petits de 8 ans d’une famille anglaise, entre 1926 et 2007, il a découvert que sur quatre générations la distance parcourue seuls par les enfants était passée de 9 kilomètres à 300 mètres, les privant considérablement de leur jardin secret.
En parallèle, le rapport ESTEBAN 2015 conclut que les enfants de 7 à 11 ans cumulent en moyenne 4h45 d’écran par jour. Un écolier du CM passe donc chaque année l’équivalent de deux années scolaires devant les écrans.
Est-ce grave docteur ?
Oui - D’abord parce que le déclin significatif des jeux en plein air et de la mobilité autonome des enfants est le premier indice de la baisse du niveau d’activité physique. Cela entraine une hausse du risque de développer des maladies chroniques telles que l’obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète. 👩⚕️
Ensuite parce que le jeu en plein air a ceci de particulier qu’il implique une activité spontanée, autonome et ludique. Il favorise le développement socio-émotionnel et cognitif des enfants. C’est une notion tellement essentielle pour un enfant que le droit de se livrer au jeu est inscrit dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
Le jeu en plein air permet à l’enfant :
d’interagir avec sa famille, ses pairs, les plantes et les animaux
de développer ses aptitudes sociales, son indépendance et l’autodétermination
d’être plus attentif et concentré
de stimuler sa créativité, l’exploration et l’imagination
de réduire les probabilités de souffrir d’anxiété, de dépression et de phobies
Même les jeux dits « à risque », qui impliquent la vitesse, l’utilisation d’outils ou qui se déroulent à proximité de l’eau ou du feu, ont un rôle à jouer dans le développement de l’enfant puisqu’ils permettent d’apprendre à évoluer avec le risque et à le maîtriser.
Alors qu’est ce qu’on fait ?
On réinvente la ville pour qu’elle soit à hauteur d’enfants et notamment les aires de jeux en laissant place à leur imagination. Coucou Les Enfants Dehors !
On innove à l’école en s’inspirant des Forest Schools de nos voisins européens. 50 établissements hors contrat se revendiquent comme tel en France, contre 700 écoles danoises, dont deux tiers sont prises en charge par la municipalité.
On permet aux enfants de se déplacer seuls, comme en Suisse, où le droit à l’éducation s’accompagne de celui de cheminer en sécurité vers l’école. Résultat : 65 % des enfants suisses vont à l’école à pied, sans adultes.
On démantèle la société moderne, qui constitue l’un des plus grands obstacles au jeu en plein air. Oups pardon, je m’égare !
En attendant ces grands changements politiques et sociétaux, je lance BONAVENTURE, la newsletter hebdomadaire remplie d'aventures extraordinaires à vivre en plein air pour les enfants de 7 à 11 ans et leurs adultes référents ! Parents, professeurs, animateurs… Cette newsletter est faite pour vous. Et pour eux.
Au programme
Concrètement, Bonaventure c’est :
De grandes épopées à vivre avec vos enfants, vos élèves ou les jeunes que vous encadrez ! Découpées en saisons de plusieurs épisodes, elles vous emmèneront chaque semaine dans des bois hostiles, sur les traces du grand renard volant ou au pays des fourmis… La première saison vous conduira au secours d’Ittuq, un vieil Inuit, qui a besoin d’aide pour retrouver l’amulette de son clan.
Des défis à réaliser en plein air pour avancer dans l’histoire et surmonter des obstacles. Les enfants devront construire des cabanes, trouver le nord, faire un noeud, récolter de l’eau de pluie et bien d’autres choses encore. Seront-ils des aventuriers à la hauteur ? Tous les défis sont pensés pour se vivre en famille, avec sa classe ou son centre de loisirs ! Tout le monde dehors.
Une communauté d’aventurières et d’aventuriers !
Partagez les résultats de vos aventures avec nous ! Chaque semaine nous diffuserons les meilleures photos et féliciterons les aventuriers les plus engagés.
Sans oublier le coin des adultes, où je vous partagerai de bonnes balades à découvrir, des conseils pour faire école dehors, l’actualité des acteurs du secteur, des citations, des poèmes… Au gré de mes humeurs et de vos envies ! N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous aimeriez voir dans cette section spéciale pour les grands.
“C'est une chanson pour les enfants qui naissent et qui vivent entre l'acier et le bitume, entre le béton et l'asphalte, et qui ne sauront peut-être jamais que la terre était un jardin.”
Georges Moustaki
J’ai hâte de vivre cette aventure avec vous ! On se retrouve dès jeudi prochain pour l’épisode 1/7 d’Ittuq et l’amulette. D’ici là, n’hésitez pas à réagir en commentaire ou par retour de mail et à partager massivement cette Newsletter ! À qui ? 👇
Aux instituteurs qui veulent passer plus de temps dehors avec leurs élèves
Aux parents qui veulent transformer leurs sorties à base de “quand est-ce qu’on rentre ?” en grandes épopées
Aux animateurs et babysitters pour faire vivre de grandes aventures à leurs jeunes
À vos potes qui ne savent jamais quoi faire avec leurs petits neveux
Merci ! 🙏
Jeanne